Naissance et Jeunesse à La Mecque
Trois ans après la naissance du Prophète — paix et bénédictions sur lui —, vers 573 E.C., La Mecque vit naître « le meilleur homme sur terre hormis les prophètes » [2]. Dans une famille Qurayshite de la tribu de Taym [3], naquit `Abd Allâh Ibn Abî Quhâfah (alias Abû Bakr), de son nom complet `Abd Allâh Ibn `Uthmân Ibn `Amr Ibn Ka`b Ibn Sa`d Ibn Taym Ibn Murrah Ibn Ka`b. Sa généalogie rejoint celle du Prophète — paix et bénédictions sur lui — au sixième ancêtre, Murrah Ibn Ka`b. Sa mère, Salmâ Bint Sakhr, surnommée Umm Al-Khayr, fut parmi les femmes ayant embrassé l’islam avant l’Hégire alors que son père ne l’embrassa que tardivement.
À l’époque pré-islamique, Abû Bakr était surnommé « `Abd Al-Ka`bah » (le serviteur de la Ka`bah). Ce n’est qu’aprés l’avènement de l’islam que le Prophète — paix et bénédictions sur lui — lui donna le nom de `Abd Allâh (le serviteur d’Allâh) et le surnomma « Al-`Atîq » (l’affranchi, l’épargné) car il expliqua à son sujet : « Abû Bakr est celui qu’Allâh affranchit du feu » [4]. L’on rapporte également qu’il fut surnommé de la sorte en raison de sa beauté [5] et de ses vertus qui, parmi les Qurayshites, le distinguaient ainsi que ses ancêtres. Son surnom Abû Bakr provient du fait qu’il était souvent le premier à proposer et à entreprendre des œuvres de bienfaisance [6] Il fut plus tard surnommé « As-Siddîq » (Le Véridique) pour avoir résolument cru à l’évènement d’Al-Isrâ’ wal-Mi`râj (Le voyage nocturne et l’Ascension) alors que d’autres Compagnons mirent du temps avant d’y adhérer [7].
Avant l’avènement de l’islam, Abû Bakr ne partageait pas les croyances des Qurayshites. Il ne se prosterna guère devant une idole et ne but jamais d’alcool. Un jour, on lui demanda : « Ne voudrais-tu donc pas te prosterner devant Al-Lât et al-`Uzzâ ? » Et Abû Bakr de s’interroger : « Qui sont-elles ? » On répondit : « Les filles d’Allâh ! » Il s’exclama : « Qui est donc leur mère ? » Par ailleurs, Abû Bakr faisait partie des notables les plus respectés de Quraysh et l’un de ses plus fins connaisseurs en matière de généalogie des tribus arabes.
Commerçant aisé, Abû Bakr se maria durant la période pré-islamique avec Qutaylah Bint `Abd Al-`Uzzâ ; mariage qui donna naissance à Asmâ’ Bint Abî Bakr et `Abd Allâh Ibn Abî Bakr, deux grandes figures de l’islam. Il épousa ensuite Umm Rûmân qui lui donna `Abd Ar-Rahmân et la Mère des Croyants `Â’ishah. Après l’avènement de l’islam, Abû Bakr épousa Asmâ’ Bint `Umays, qui lui donna Muhammad, avant d’épouser Habîbah Bint Zayd Al-Khazrajiyyah qui lui donna Umm Kulthûm.
« Abû Bakr, tu es mon compagnon sur le Bassin et mon compagnon dans la grotte » [8]
L’amitié qui lia Abû Bakr au Prophète ne vit pas le jour au lendemain de la révélation du Message puisqu’elle datait de plus loin. Non seulement leurs nobles caractères les avaient rapprochés, mais aussi leurs voyages ensemble avec les caravanes commerciales partant vers la Syrie eurent un grand effet sur la consolidation de leurs liens d’amitié. Ce fut durant l’un de ces voyages, que la caravane Qurayshite croisa le moine Bahîrâ qui, ayant très tôt aperçu les signes de la prophétie de Muhammad — paix et bénédictions sur lui —, conseilla à son oncle de le garder loin des yeux des Juifs.
L’islam d’Abû Bakr fut le fruit d’un long voyage spirituel à la recherche de la Vérité. En tant que commerçant, il passait une grande part de sa vie à parcourir les déserts de la péninsule arabe fréquentant ainsi ses habitants du Nord, du Sud, de l’Est et de l’Ouest. Bien qu’étant un fin connaisseur des différentes confessions présentes dans la péninsule, il prêtait une attention particulière aux religions monothéistes. Assis un jour devant la Ka `bah, Ibn Abî As-Salt lui demanda : « Ô quetteur du bien, l’as tu trouvé ? » Abû Bakr répondit : « Non. » Ibn Abî As-Salt dit : « Le Prophète attendu sera issu de parmi nous ou de parmi vous. » N’ayant jamais entendu parler d’un Prophète attendu, Abû Bakr alla s’informer à son sujet auprès de Waraqah Ibn Nawfal. Il dit : « Je me rendis auprès de Waraqah Ibn Nawfal qui scrutait longuement le ciel et poussait souvent des soupirs durant ces méditations. » Waraqah dit : « Oui mon frère, nous sommes les gens du Livre et des sciences, mais ce Prophète sera issu d’une tribu arabe. » Dès le début de la mission prophétique, Abû Bakr fut le premier à croire au Message de Muhammad — paix et bénédictions sur lui — et à apporter son soutien indéfectible à cette cause. À cet égard, le Prophète — paix et bénédictions sur lui — dit : « Je n’ai invité personne à embrasser l’islam sans qu’il y ait en lui du recul, de la réflexion et de l’hésitation, sauf Abû Bakr Ibn Abî Quhâfah. Il n’a pas attendu un instant lorsque je lui en ai parlé et n’a point hésité » [9].
Fut-ce par précipitation ou naïveté ? Laissons la réponse aux événements qui suivirent. Un jour, au début de la révélation, les Polythéistes de Quraysh s’attaquèrent violemment au Prophète sous les yeux de ses Compagnons. Devant cette scène, Abû Bakr se précipita à la défense du Prophète en criant : « Tuez-vous un homme parce qu’il dit : "Mon Seigneur est Allâh." ? » [10] ; ce qui lui valut d’être encerclé et cruellement frappé. Une fois secouru, mais grièvement blessé et son corps tuméfié, Abû Bakr perdit conscience durant le reste de la journée si bien que sa tribu crut qu’il allait certainement y rester. Mais aussitôt éveillé, il mit de côté les peines et les douleurs dont il souffrait et demanda : « Qu’a t-on fait au Messager d’Allâh ? » Malgré les assurances que sa mère ainsi que Fâtimah Bint Al-Khattâb lui donnèrent que le Prophète était sain et sauf, Abû Bakr insista à s’en assurer lui-même. La nuit tombée, on emmena Abû Bakr chez le Prophète qui, très ému et attristé par ce qui avait touché son Compagnon, se mit à invoquer Dieu pour lui. Mais, aux yeux d’Abû Bakr, même la tristesse ne devait avoir aucune place dans le cœur du Prophète. En guise de consolation pour le Messager d’Allâh, Abû Bakr lui dit : « Je sacrifierais pour toi mes père et mère, ô Messager d’Allâh ! Rien de mal ne m’a touché sauf ces quelques blessures sur mon visage. »
La conversion d’Abû Bakr renforça considérablement les fondements de la nouvelle religion. Sa forte adhésion au Message de l’islam le poussa à défendre, non seulement le Prophète, mais aussi les opprimés et les persécutés parmi les nouveaux musulmans. Ainsi, racheta-t-il sur ses propres deniers la liberté de sept esclaves convertis à l’islam, dont Bilâl Ibn Rabâh et `Âmir Ibn Fuhayrah, afin de les sauver de la ferrule de leurs maîtres. Il eut également le mérite d’être à l’origine de la conversion de cinq Compagnons auxquels Allâh promit le Paradis : `Uthmân Ibn `Affân, `Abd Ar-Rahmân Ibn `Awf, Talhah Ibn `Ubayd Allâh, Sa`d Ibn Abî Waqqâs et Az-Zubayr Ibn Al-`Awwâm.
La compagnie du Prophète — paix et bénédictions sur lui — lui était meilleure que la terre et ce qu’elle renfermait comme trésors et représentait pour lui un honneur inestimable. Quand Allâh ordonna à son Prophète d’émigrer vers Médine, Abû Bakr le supplia : « La compagnie, la compagnie, ô Messager d’Allâh ! » Et le Prophète de répondre : « La compagnie, Abû Bakr ! » Il s’agissait d’un voyage risqué et semé d’embûches, mais Dame `Â’ishah dit à cet égard : « Je n’ai jamais vu quelqu’un pleurer de joie comme Abû Bakr ce jour-là. »
Arrivés à la grotte de Thawr, les deux compagnons décidèrent de s’y reposer avant de reprendre leur chemin vers Médine. Abû Bakr demanda au Prophète d’attendre à l’extérieur jusqu’à ce qu’il inspecte la grotte et s’assure qu’aucun danger ne s’y présentait. Trouvant plusieurs cavités susceptibles d’abriter des serpents ou des scorpions, Abû Bakr passa son doigt à l’intérieur de chacune d’entre elles pour s’assurer qu’elle ne contenait rien de nuisible. Il enleva ensuite son manteau, le déchira en morceau et se mit à boucher les trous de la grotte avant d’inviter le Prophète à rentrer. La nuit tombée, le Prophète — paix et bénédictions sur lui — se coucha auprès d’Abû Bakr qui bouchait de son pied un trou qu’il venait de découvrir. Piqué par un scorpion caché dans ce trou, Abû Bakr étouffa sa douleur afin de ne pas déranger le Prophète, mais ne put empêcher ses larmes de couler. Ce ne fut que quand une larme tomba sur les joues du Prophète, qu’il se réveilla et vit son compagnon en larmes. Préoccupé, le Messager d’Allâh lui demanda : « Qu’as-tu Abû Bakr ! » Il répondit : « Ce n’est qu’une piqûre, ô Messager d’Allâh, pour toi je sacrifierais mes père et mère. » Par le toucher de sa salive bénie, le Prophète — paix et bénédictions sur lui — soigna son Compagnon de la piqûre du scorpion... [11]
De nouveau sur leur chemin, Abû Bakr gardait la route du Prophète — paix et bénédictions sur lui —. Il marchait tantôt devant lui, tantôt derrière, tantôt à sa droite et tantôt à sa gauche. Remarquant cela, le Messager d’Allâh lui dit : « M’aimes-tu Abû Bakr ? » Abû Bakr répondit : « Oui, ô Messager d’Allâh. » Le Prophète lui demanda : « Es-tu prêt à mourir pour moi ? » Le Véridique répondit : « Oui, car si je meurs, je ne suis qu’un homme ; mais si tu meurs, tu représentes toute cette religion. »
Abû Bakr et le Coran... un lien particulier
Dans la cour de sa maison à La Mecque, Abû Bakr prit l’habitude de réciter sereinement le Coran laissant ses larmes exprimer la Vérité qu’avait reconnue son cœur. Inquiets par l’intérêt manifesté par ses voisins à l’égard du nouveau Livre, les Polythéistes de Quraysh le menacèrent de représailles si cette habitude devait durer. Cependant, Abû Bakr refusa de se plier à leurs menaces sacrifiant même la protection que lui procurait Ibn Ad-Dughunnah contre les ennuis de Quraysh. Il dit à ce dernier : « Je ne le fais que dans ma propre demeure et je cherche refuge auprès du Très Glorieux et du Très Noble. »
Connu pour sa forte émotion vis-à-vis du Coran, Abû Bakr ne pouvait s’empêcher pendant sa récitation de verser de chaudes larmes. On rapporta que la sourate qui le faisait le plus pleurer était la sourate intitulée Az-Zalzalah (la secousse) : « Quand la terre tremblera d’un violent tremblement * et que la terre fera sortir ses fardeaux * et que l’homme dira : "Qu’a-t-elle ?" * Ce jour-là, elle contera son histoire * selon ce que ton Seigneur lui aura révélé * Ce jour-là, le gens sortiront séparément pour que leur soient montrées leurs œuvres * Quiconque fait du bien fut-ce du poids d’un atome, le verra * et quiconque fait un mal fût-ce du poids d’un atome, le verra » [12].
Mais quelle opinion avait cet homme de lui-même, celui dont Dame `Â’ishah dit : « Ô Messager d’Allâh, Abû Bakr est un homme larmoyant. Quand il dirige la prière, il pleure et les gens risquent de ne rien entendre. » [13] ? Lorsqu’une délégation venue du Yémen entendit le Coran et en pleura, Abû Bakr les contempla et dit : « Nous étions comme vous avant que nos cœurs durcissent. » Ressentant de la pitié pour lui-même, il pleura ainsi que ses compagnons.
Par ailleurs, Abû Bakr fut à plusieurs reprises évoqué dans le Coran, par exemple dans le verset révélé au sujet de l’hégire : « Si vous ne lui portez pas secours, Dieu l’assista quand, banni par les dénégateurs avec un seul compagnon, tous deux se trouvaient dans la grotte. Lors il dit à son compagnon : "Ne sois pas triste : Dieu est avec nous". Et Dieu fit descendre sur lui Sa sérénité, le conforta d’armées invisibles à vos yeux, et mit à bas la parole des dénégateurs, alors que la Parole de Dieu fut la plus haute. Dieu est Tout-Puissant et Sage. » [14]. Abû Bakr est également désigné dans le verset : « Celui qui vient avec la Vérité et celui qui la confirme » [15].
Il est celui dont l’élan de générosité amena à dépenser toute sa fortune dans le sentier d’Allâh. S’il possédait avant l’Hégire prés de 40 000 dirhams, dix ans plus tard à Médine, il n’avait plus que 5 000 dirhams pour toute fortune ! Le Coran dit à son sujet : « Alors qu’en sera écarté (le Feu) le pieux * qui donne ses biens pour se purifier * et auprès de lui, personne ne profite d’un bienfait intéressé * mais seulement pour la recherche de La Face de son Seigneur le Très-Haut * Et certes, il sera bientôt satisfait ! » [16]. Le Prophète — paix et bénédictions sur lui — dit également à cet égard : « Aucun argent ne me fut plus utile que celui d’Abû Bakr » [17].
Un autre verset fut révélé au sujet d’Abû Bakr lorsque, à la suite de l’événement d’Al-Ifk [18], il suspendit son assistance financière à Mistah Ibn Uthâthah qui avait contribué à faire circuler des rumeurs contre Dame `Â’ishah. Allâh révéla alors le verset : « Et que les détenteurs de richesse et d’aisance parmi vous, ne jurent pas de ne plus faire don aux proches, aux pauvres, et à ceux qui émigrent dans le sentier d’Allâh. Qu’ils pardonnent et absolvent. N’aimez-vous donc pas qu’Allâh vous pardonne ? Et Allâh est Pardonneur et Miséricordieux ! » [19].
« J’aurais souhaité être un poil sur la poitrine d’Abû Bakr » [/`Umar Ibn Al-Khattâb/]
Personne ne doute ni du rang dont jouissaient Abû Bakr et `Umar dans l’islam ni de l’amour que le Prophète — paix et bénédictions sur lui — leur réservait. Mais parce que rien ne satisfait les âmes passionnées sauf l’agrément de leur Créateur et que « ceux qui le convoitent (le Paradis) de rentrer en compétition (pour l’acquérir) » [20], Abû Bakr et `Umar ne cessaient de se concurrencer dans le domaine de la bienfaisance.
Un jour, alors que le Prophète et les Compagnons venaient d’accomplir la prière de l’Aube, le Messager d’Allâh se tourna vers eux et demanda : « Qui parmi vous jeûne aujourd’hui ? » Personne ne répondit par l’affirmative excepté Abû Bakr. Le Prophète demanda : « Qui parmi vous a rendu visite à un frère malade aujourd’hui ? » `Umar répondit : « Ô Messager d’Allâh, nous venons à peine de finir la prière de l’aube. Comment peut-on l’avoir fait ? » Abû Bakr répondit avec humilité : « Moi, ô Messager d’Allâh. J’ai appris que `Abd Ar-Rahmân Ibn `Awf était malade et je me suis rendu chez lui avant de venir à la mosquée. » Le Prophète demanda : « Qui parmi vous a versé une aumône aujourd’hui ? » `Umar répondit : « Ô Messager d’Allâh, nous venons tout juste d’accomplir la prière et n’avons pas encore quitté nos places. Où pourrions-nous avoir croisé un pauvre pour l’aider ? » Abû Bakr répondit : « Sur mon chemin vers la mosquée, j’ai croisé un besogneux. Trouvant un morceau de pain dans les mains de mon petit-fils, je le lui ai donné. » Le Prophète dit : « Abû Bakr, le Paradis t’est annoncé comme bonne nouvelle. » `Umar dit :« Abû Bakr, je n’arriverai jamais à te devancer ! »
Une situation similaire eut lieu lors de la bataille de Tabûk quand le Prophète — paix et bénédictions sur lui — appela les musulmans à contribuer généreusement au financement de l’armée. `Umar conserva la moitié de sa fortune et offrit la seconde moitié au Prophète. Le Messager d’Allâh lui demanda : « Qu’as-tu laissé à ta famille ? » `Umar répondit : « La moitié de ma fortune. » Le Prophète lui dit : « Tu as bien fait. » Abû Bakr, quant à lui, ne garda que ses actifs immobiles et offrit l’intégralité de sa fortune au Prophète. Lorsque le Messager d’Allâh l’interrogea sur ce qu’il avait laissé à sa famille, Abû Bakr répondit : « Je leur ai laissé Allâh et Son Messager. » `Umar dit alors : « Par Allâh, dorénavant, je ne te devancerai jamais Abû Bakr ! »
Bien que le Paradis lui ait été promis, Abû Bakr cherchait en permanence à s’approvisionner pour sa vie dans l’au-delà par l’accomplissement d’œuvres surérogatoires. Un jour, décrivant le jour de la résurrection, le Prophète — paix et bénédictions sur lui — dit : « Chaque croyant sera appelé à rentrer au Paradis par l’une de ses portes. Quiconque appartient aux gens de la prière sera appelé par la porte de la prière. Quiconque appartient aux gens du jeûne sera appelé par la porte du jeûne. Quiconque appartient aux gens de l’aumône sera appelé par la porte de l’aumône. Quiconque appartient aux gens du jihâd sera appelé par la porte du jihâd. » Abû Bakr demanda alors s’il était possible que l’on soit appelé à rentrer par toutes ses portes. Le Prophète répondit : « Oui, Abû Bakr, et je souhaite que ce soit ton cas. »
Abû Bakr et les derniers jours du Prophète
Les âmes transparentes et purifiées apprennent, par la grace divine, ce qui pour d’autres serait caché ; les cœurs raffinés comprennent les sens implicites que les paroles du Prophète — paix et bénédictions sur lui — peuvent porter. C’est ainsi que durant le Pèlerinage d’Adieu, quand le Prophète récita le verset : « Aujourd’hui, j’ai parachevé pour vous votre religion, et accompli sur vous Mon bienfait. Et J’agrée l’Islam comme religion pour vous » [21], tous les Compagnons se réjouirent alors qu’Abû Bakr fut le seul à pleurer. Il expliqua : « C’est l’annonce de la mort du Messager d’Allâh ! »
Durant sa maladie de mort et devant les Compagnons qui avaient afflué vers sa mosquée à Médine, le Prophète — paix et bénédictions sur lui — adressa un dernier mot à sa communauté dans lequel il leur conseilla de continuer à suivre son chemin et à préserver le Message divin. Il conclut son discours disant : « Le choix fut donné à un serviteur entre la vie de l’ici-bas et la rencontre de son Seigneur ; il choisit la rencontre de son Seigneur. » Le silence total régna et personne ne comprit le sens de cette dernière phrase. À ces mots, Abû Bakr ne put s’empêcher d’éclater en sanglots si bien que ses pleurs retentirent dans la mosquée, et furent entendu par tous les Compagnons. Au grand étonnement des Compagnons qui le virent interrompre le Prophète, il cria :« Ô Messager d’Allâh ! Je sacrifierais pour toi mes père et mère, je sacrifierais pour toi ma progéniture, ma personne, et mon argent ! » Le Prophète dit : « Laissez-le, car par Allâh, j’ai pu retourner toutes les faveurs qui m’ont été faites sauf à Abû Bakr, je n’ai pas pu le récompenser et je laisse sa récompense à Dieu ! » Le Prophète ordonna ensuite que toutes les portes débouchant sur la mosquée soient fermées à l’exception de la porte d’Abû Bakr.
Puis arriva le 12 Rabi` Al-Awwal de l’an 11 de l’hégire, jour qui devait endeuiller Médine et le reste de la communauté musulmane naissante. Le Prophète demanda à Dame `Â’ishah qu’Abû Bakr dirige la prière à sa place ; après une hésitation elle répondit : « Ô Messager d’Allâh, Abû Bakr est un homme larmoyant. Quand il dirige la prière, il pleure et les gens risquent de ne rien entendre ». Mais le Prophète insista à ce que ce soit Abû Bakr qui le remplace et refusa la proposition de Dame `Â’ishah que `Umar dirige la prière à sa place. Il dit : « N’ai-je pas dit Abû Bakr ! Allâh ne veut que cela et les musulmans ! ». On vit le Prophète faire son dernier sourire en regardant les musulmans accomplir leur prière ; adoration qui continuera à les lier à leur Créateur même après la disparition du porteur du Message.
Le décès du Prophète dépassa la raison de ses Compagnons si bien que `Umar dit : « Le Messager d’Allâh n’est pas mort, il est allé rencontrer son Seigneur à l’instar de Moïse et il reviendra. » Mais ayant compris la fin inéluctable, Abû Bakr fut le premier à l’accueillir avec sagesse et patience. Il rentra dans la chambre du Prophète — paix et bénédictions sur lui — pour s’assurer que la nouvelle était vraie. Il le serra ensuite tendrement et l’embrassa entre les yeux en disant : « Bonté tu es, vivant ou mort. Ô mon bien-aimé à qui je confie mon secret, ô mon ami à qui je me voue. » Puis, Abû Bakr sortit calmer les Musulmans et dit : « Quiconque adorait Muhammad qu’il sache que Muhammad est mort et quiconque adore Allâh qu’il sache qu’Allâh est Vivant et qu’Il ne meurt jamais. » Il récita ensuite la Parole d’Allâh : « Muhammad n’est qu’un Messager — des messagers avant lui sont passés —. S’il meurt ou s’il est tué, retournerez-vous sur vos talons ? » [22].
Abû Bakr devenu Calife
Estimant qu’il fallait immédiatement régler le problème de la succession du Prophète, les Ansâr se rendirent à l’assemblée (Saqîfah) de Banû Sâ`idah pour débattre de cette question. Il s’agissait de savoir à qui serait attribué l’honneur de succéder au Prophète — paix et bénédictions sur lui — : aux Ansâr ou aux Muhâjirûn. Avant l’arrivée des Muhâjirûn dans l’assemblée, les débats avaient abouti à la désignation de Sa`d Ibn `Ubâdah en tant que Calife sans pour autant qu’il n’y ait de consensus autour de ce choix.
Les discussions ne s’étaient pas terminées lorsqu’Abû Bakr, `Umar et certains Muhâjirûn se rendirent à l’assemblée. À leur arrivée, certains Compagnons proposèrent la désignation de deux Califes, l’un appartiendrait aux Ansâr et l’autre aux Muhâjirûn ; proposition refusée car synonyme de division.
Rappelant qu’il ne se portait pas comme candidat, Abû Bakr dit : « Vous savez que les Arabes n’accepteront de confier cette affaire qu’à un homme qurayshite car Quraysh est considérée comme la tribu la plus éminente parmi les tribus arabes. » Abû Bakr proposa alors comme candidats `Umar et Abû `Ubaydah Ibn Al-Jarrâh. Ces derniers refusèrent la proposition, rappelant qu’Abû Bakr était le meilleur des Muhâjirûn, le seul à avoir été en compagnie du Prophète dans la grotte, et enfin qu’il avait été nommé par lui pour diriger la prière des Musulmans à sa place. Le consensus réalisé, Abû Bakr fut désigné Calife.
Quelques jours après le serment d’allégeance prononcé par les grands Compagnons dans l’assemblée de Banû Sâ`idah, les habitants de Médine se réunirent à la mosquée et firent allégeance à Abû Bakr. Celui-ci prononça alors un discours dans lequel il dit : « Ô gens ! J’ai été élu comme chef sans être le meilleur parmi vous. Si vous trouvez que j’agis avec justesse, assistez-moi et si vous trouvez que je m’abuse, corrigez-moi. Le faible parmi vous est fort à mes yeux, jusqu’à ce que j’obtienne pour lui son droit ; et le fort parmi vous est faible à mes yeux, jusqu’à ce que je lui arrache ce qui n’est pas son droit. Ô gens, sachez qu’aucun peuple n’a abandonné la lutte dans le sentier d’Allâh sans qu’il soit humilié. Sachez aussi que l’immoralité ne se répand au sein d’un peuple sans que Dieu ne l’afflige d’une calamité. Obéissez-moi, tant que j’obéis à Dieu, et à Son Messager. Si je désobéis à Dieu et à Son Messager, vous ne me devez aucune obéissance. Levez-vous pour la prière ; que Dieu vous fasse miséricorde ! »
Avant sa désignation, Abû Bakr avait l’habitude de prendre soin personnellement des familles des martyrs et d’aider la veuve et l’orphelin. On rapporte à cet effet que quand les enfants voyaient Abû Bakr dans la rue, ils se précipitaient vers lui, montaient sur ses épaules et jouaient avec lui. Les gens pensèrent qu’après son investiture, Abû Bakr cesserait de faire cela. Mais il veilla à préserver cette habitude si bien que `Umar alla un jour proposer son aide à une vielle femme de Médine qui déclina poliment expliquant que quelqu’un venait habituellement l’aider. Se renseignant sur l’identité de cette personne, la vielle femme répondit : « Je ne sais pas qui c’est. C’est un homme qui vient d’habitude m’aider à nettoyer la maison et à traire les chèvres. » N’ayant pas eu de réponse, `Umar décida de découvrir l’identité de celui qui l’avait devancé auprès de cette dame ; voyant un jour Abû Bakr sortir de chez elle, il dit : « Qu’Allâh te fasse miséricorde Abû Bakr, tu auras tenu la dragée haute à tes successeurs ! »
Abû Bakr à la défense de l’État naissant
Bien que le Califat d’Abû Bakr As-Siddîq ne durât qu’environ deux ans, il fut caractérisé par d’immenses réalisations et de dangereux évènements et incidents. Ces derniers auraient provoqué la dislocation de l’État islamique sans la miséricorde divine qui plaça à sa tête un homme qui, par sa sagesse et sa détermination, réussit à préserver cette nouvelle communauté.
L’armée d’Usâmah Ibn Zayd
La première décision prise par Abû Bakr fut de dépêcher l’armée d’Usâmah Ibn Zayd contre les Byzantins qui empêchaient les prédicateurs musulmans de transmettre leur message sur les terres qu’ils gouvernaient. Cette armée qui avait été dépêchée par le Prophète — paix et bénédictions sur lui — avant son décès, revint à Médine après l’annonce de la nouvelle de sa maladie. Cette décision fut cependant contestée par certains Compagnons pour deux raisons. La première était la crainte que la décision d’Abû Bakr ne prive la communauté de son armée à un moment si critique de son histoire ; les tribus arabes reniant, l’une après l’autre, l’islam et s’apprêtant à attaquer Médine. La deuxième était que pour certains, Usâmah était trop jeune pour diriger cette armée. Il avait à l’époque dix-huit ans approximativement. Abû Bakr refusa cependant de se plier à cette contestation et dit : « Par Celui Qui détient mon âme entre Ses Mains, même si les lions me capturaient, je dépêcherais l’armée d’Usâmah comme le Prophète l’a ordonné. Je le ferai même si je demeure seul dans cette cité. » Et devant son insistance, ses opposants lui proposèrent de changer Usâmah ; ce qu’il refusa totalement en disant : « Je ne puis guère modifier une décision qu’avait prise le Messager d’Allâh. »
Monté sur son cheval et s’apprêtant à quitter Médine, Usâmah se sentit gêné d’être sur sa monture alors que le Calife la lui conduisait. Usâmah lui dit : « Soit tu montes avec moi, soit je descends marcher. » Mais Abû Bakr refusa et répondit : « Tu ne descendras pas et je ne monterai pas. Quel mal me ferai-je en empoussiérant mes pieds pour la cause d’Allâh pendant une heure de la journée ? » Par ailleurs, le Calife adressa à cette occasion un discours à son armée dans lequel il dit : « Ô gens ! Je vous recommande dix choses, retenez-les bien. Ne trahissez pas, ne transgressez pas, ne trompez pas, ne mutilez pas les dépouilles de vos ennemis, ne tuez ni enfants ni vieillards ni femmes, ne brûlez aucun palmier, ne coupez aucun arbre et n’égorgez aucune bête sauf pour votre nourriture. Vous trouverez sur votre chemin des gens qui se sont consacrés à l’adoration dans des couvents, laissez-les pour ce à quoi ils se sont consacrés. Vous rencontrerez des gens qui vous serviront toutes sortes de nourriture, servez-vous en et invoquez le Nom d’Allâh en le faisant. »
Constatant que l’État islamique allait dépêcher son armée à l’étranger, les tribus arabes envoyèrent leurs émissaires à Médine afin de vérifier la présence d’une armée de réserve. Ayant compris leur dessein, Abû Bakr mobilisa les musulmans et leur ordonna de se regrouper dans la mosquée du Prophète, prévoyant une attaque imminente de la part des tribus rebelles. Puis, apprenant qu’elles étaient à trois jours de marche de Médine, Abû Bakr sortit accompagné des musulmans pour défendre la ville du Prophète et la bataille fut remportée par les musulmans.
Par ailleurs, l’armée d’Usâmah ne déçut pas les espérances du Calife. Elle vainquit les Byzantins et fit une percée profonde sur leurs territoires avant de regagner Médine. Ainsi réalisa-t-elle l’objectif qui lui avait été fixé, à savoir établir et sécuriser les frontières du nouvel État islamique et semer le doute et la crainte dans les rangs des ennemis de l’islam, y compris certaines tribus arabes du nord qui guettaient l’occasion d’attaquer Médine.
Les guerres d’apostasie
Suite au décès du Prophète — paix et bénédictions sur lui —, quelques tribus récemment converties à l’islam s’empressèrent de renier leur foi et de contester la souveraineté de l’État islamique en refusant de verser la zakât. D’autres chefs arabes allèrent même jusqu’à prétendre la prophétie. Cette rébellion politico-religieuse s’étendit sur l’ensemble de la péninsule arabe si bien que ne restèrent musulmans que les habitants de La Mecque et de Médine.
Face à cette situation où la cohésion et la sécurité de l’État islamique naissant se trouvaient menacées, il était impossible pour le Calife de rester les bras croisés. Abû Bakr fit preuve d’une grande maturité et de courage en défendant fermement la citadelle de l’islam et ce, en dépit de l’opposition de certains Compagnons qui lui demandaient de faire preuve de patience. En réponse à leurs propos, il dit : « Par Allâh ! S’ils me refusent un licou qu’ils acquittaient au Messager d’Allâh — paix et bénédictions sur lui —, je les combattrai pour le percevoir. Par Allâh, je ne cesserai de combattre ceux qui font une distinction entre la prière et la zakât. » Ainsi envoya-t-il ses troupes mettre fin à cette rébellion, refusant par sa sagesse et sa clairvoyance toute concession à ce sujet.
La compilation du Coran
Au cours des guerres d’apostasie menées par Abû Bakr, un grand nombre d’éminents Compagnons et de mémorisateurs du Coran tombèrent en martyrs. Les musulmans en furent d’autant plus attristés que cela menaçait la conservation du Coran. Ainsi `Umar Ibn Al-Khattâb fut-il parmi les permiers à percevoir ce danger et aprés une longue réflexion, Allâh lui inspira l’idée de compiler l’intégralité du coran par écrit avant que la mort n’emporte toutes les mémoires vivantes. Il fit part de cette idée à Abû Bakr. Ce dernier fut tout d’abord réticent : « Comment ferais-je une chose que le Messager d’Allâh — paix et bénédictions sur lui — n’a pas faite ? », demanda-t-il.
`Umar défendit sa proposition avec force arguments jusqu’à ce qu’Allâh — Exalté soit-Il — guidât Abû Bakr à l’accepter. Il chargea de cette noble mission Zayd Ibn Thâbit, le scribe de la révélation du temps du Prophète. Celui-ci commença aussitôt à recueillir le Coran, verset après verset et sourate après sourate. À cette fin, il adopta une méthode trés rigoureuse écartant toute possibilité d’erreur : quand bien même était-il lui-même l’un des mémorisateurs du Coran, il s’aida pour accomplir sa mission du témoignage des plus loyaux Compagnons du Prophète, grâce à qui le Coran nous parvint tel qu’il a été révélé au Messager d’Allâh — paix et bénédictions sur lui —. Ainsi, la compilation du coran fut l’une des réalisations majeures accomplies sous le califat d’Abû Bakr ; réalisation qui permit la préservation du Coran de toute altération. [23]
Décès d’Abû Bakr
Touché par la maladie, Abû Bakr commença à s’inquiéter du sort de la communauté et craignit qu’à sa mort, la discorde menaçât sa cohésion et sa fermeté. Il consulta plusieurs Compagnons du Prophète qui se montrèrent, pour la plupart, en faveur de la désignation de `Umar Ibn Al-Khattâb en tant que Calife. Le dernier mot devant être celui de la communauté, il s’adressa aux habitants de Médine pour demander leur avis. Il dit : « Ô gens ! J’ai fait un choix aprés avoir consulté nombre de sages. Êtes-vous prêts à l’accepter ? » Les habitants de Médine répondirent par l’affirmative sauf `Alî Ibn Abî Tâlib qui s’exclama : « Non, non... nous n’accepterons que `Umar ! » Abû Bakr sourit aussitôt et dit : « C’est `Umar ! »
Jour aprés jour, la maladie d’Abû Bakr s’aggravait. Consciente que la fin de son père devenait imminente, Dame `Â’ishah — qu’Allâh l’agrée — se mit à le pleurer. En l’entendant, il lui dit : « Ne pleure pas ma fille, dis plutôt : "L’agonie de la mort fait apparaître la vérité : « Voilà ce dont tu t’écartais » * Et l’on soufflera dans la Trompe : Voilà le jour de la Menace * Chaque âme viendra alors accompagnée d’un conducteur et d’un témoin * « Tu restais indifférent à cela. Et bien, Nous ôtons ton voile ; ta vue est perçante aujourd’hui. ». [24]. » Il demanda ensuite à ses compagnons de quel jour de la semaine il s’agissait et on lui répondit que c’était le lundi. Il dit alors : « C’est le jour où le Prophète décéda. Qu’Allâh me donne l’honneur de mourir cette nuit. » Et, comme si le destin voulut qu’Abû Bakr suive les pas du bien-aimé jusqu’au dernier souffle de sa vie, Abû Bakr décéda au même âge que le Prophète (63 ans). Ses derniers mots furent : « Fais-moi mourir en parfaite soumission et fais-moi rejoindre les vertueux » [25]. Son retour à Dieu eut lieu au cours du mois de Jumâdah Al-Âkhirah de l’an 13 A.H. (août 634). Abû Bakr fut enterré aux côtés du Prophète — paix et bénédictions sur lui — dans la demeure de Dame `Â’ishah — qu’Allâh l’agrée —. Tête reposée à côté des épaules du Messager d’Allâh — paix et bénédictions sur lui —, il alla rejoindre une compagnie qui lui avait longtemps manqué, laissant derrière lui un plaie non cicatrisable dans les cœurs des habitants de Médine et des musulmans en général. Lors de son enterrement, `Umar Ibn Al-Khattâb dit : « Qu’Allâh fasse miséricorde à Abû Bakr, il a legué à sa mort une lourde responsabilité. »
P.-S.
Sources :
As-Suyûtî, Ar-Rawd Al-Anîq fî Fadl As-Siddîq (Les jardins élégants dans les mérites du Véridique) disponible en ligne sur alwaraq.net et traduit intégralement sur islamophile.org.
Mohammad Ridâ, Abû Bakr As-Siddîq : Awwal Al-Khulafâ’ Ar-Rashidîn (Abû Bakr As-Siddîq, le premier Calife juste), Dâr Al-Hadîth, le Caire, 2004.
Dr. `Alî As-Sallâbî, Al-Inshirâh wâ Raf` Ad-Dîq bi-Sîrat Abî Bakr As-Siddîq (Le réjouissement et le soulagement des peines par la vie d’Abû Bakr As-Siddîq), Dâr Al-Fajr, le Caire, 2003.
Amr Khaled, Abû Bakr As-Siddîq, leçons disponibles en ligne sur amrkhaled.net.
Notes
[1] Récit rapporté par Al-Ghazâlî ; d’après Al-`Irâqî, on ne lui trouve pas d’attribution directe au Prophète — paix et bénédictions sur lui —. Il fut rapporté par Al-Hakîm At-Tirmidhî, dans Nawâdir Al-Usûl selon Bakr Ibn `Abd Allâh Al-Muzanî. Conférer Al-Maqâsid Al-Hasanah d’As-Sakhâwî, p. 196, version électronique d’alwaraq.net. Cette parole est aussi attribuée à Abû Bakr Ibn `Ayyâsh, dans Minhâj As-Sunnah An-Nabawiyyah d’Ibn Taymiyah, vol. 8, p. 493. Ndlr.
[2] « Abû Bakr est après moi le meilleur des hommes hormis les prophètes ». Hadith rapporté par Ibn `Adiyy et At-Tabarânî dans Al-Kabîr.
[3] Tribu qui, à l’époque, était chargée d’acquitter le prix du sang aux familles des victimes de meurtres.
[4] Rapporté par Abû Nu`aym dans Al-Ma`rifah.
[5] Abû Bakr était distingué par un nez très fin et pointu avec des yeux enfoncés et un front bombé.
[6] Bakr est un mot qui provient de la racine « Ba-ka-ra » qui signifie en arabe « prendre l’initiative, être créatif ».
[7] L’évènement d’Al-Isrâ’ wal-Mi`râj eut lieu à un moment où les Musulmans vivaient une épreuve particulièrement difficile. Pour le Prophète, la perte d’un soutien en la personne de son oncle Abû Tâlib et de son épouse la Mère des Croyants Khadîjah Bint Khuwaylid et le traitement que lui réserva la tribu d’At-Tâ’if qui harrengua ses idiots contre lui, furent très difficiles à surmonter. Allâh — Exalté soit-Il — lui accorda ce voyage nocturne pour le réconforter. Mais les Polythéistes y trouvèrent un prétexte pour se moquer de lui et faire douter les plus faibles parmi les Musulmans quant à la véracité de son récit, si bien que certains Musulmans renièrent leur foi. Abû Bakr se rendit au Sanctuaire et écouta le récit de Muhammad — paix et bénédictions sur lui — décrivant Bayt Al-Maqdis (le temple saint de Jérusalem). Lui-même ayant eu l’occasion de le visiter, il attesta devant les gens de la véracité de ce récit. Ceci raffermit le cœur des croyants et contribua à mettre un terme à la discorde déclenchée par les Polythéistes.
[8] Rapporté par At-Tirmidhî.
[9] Rapporté par Ibn Ishâq dans la Sîrah. Conférer As-Sîrah An-Nabawiyyah d’Ibn Hishâm, p. 82, version électronique d’alwaraq.net ; As-Sîrah Al-Halabiyyah de Nûr Ad-Dîn Al-Halabî, p. 253, version électronique d’alwaraq.net et Subul Al-Hudâ war-Rashâd fî Sîrat Khayr Al-`Ibâd de Shams Ad-Dîn Ash-Shâmî, p. 1143, version électronique d’alwaraq.net. Ndlr.
[10] Sourate 40, Ghâfir, Le Pardonneur, verset 28.
[11] Pour un aperçu plus complet des miracles survenu pendant le voyage de l’hégire, conférer l’article de Sheikh Ibrâhîm Julhûm concernant « Les miracles de l’hégire ».
[12] Sourate 99, Az-Zalzalah, La secousse, versets 1 à 8.
[13] Cette parole fut la réponse de Dame `Â’ishah à l’ordre du Prophète qu’Abû Bakr dirige la prière pendant sa maladie.
[14] Sourate 9, At-Tawbah, Le repentir, verset 40.
[15] Sourate 39, Az-Zumar, Les groupes, verset 33.
[16] Sourate 92, Al-Layl, La nuit, versets 18 à 21.
[17] Narré par Abû Hurayrah.
[18] Une calomnie véhiculée par les Hypocrites touchant l’honneur de sa fille, la Mère de Croyants `Â’ishah.
[19] Sourate 24, An-Nûr, La lumière, verset 22.
[20] Sourate 83, Al-Mutaffifîn, Les fraudeurs, verset 26.
[21] Sourate 5, Al-Mâ’idah, La table servie, verset 3.
[22] Sourate 3, Âl `Imrân, La famille d’Amram, verset 144.
[23] Pour de plus amples détails sur la compilation du Coran, conférer notre article « L’inscription du Coran du temps d’Abû Bakr », par Dr. `Abd Allâh Shehâtah. Ndlr.
[24] Sourate 50, Qâf, versets 19 à 22.
[25] Sourate 12, Yûsuf, Joseph, verset 101.